
Une approche pluridisciplinaire de la ville durable
Le forum a été organisé par l’association Ecocity Builders, en partenariat avec Nantes métropole et avec le soutien des ministères de l’Egalité des territoires et du Logement ; de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie ainsi que du ministère de l’Intérieur.
Le Forum Ecocity a ainsi été le lieu privilégié de réflexion et de dialogue entre les acteurs du Sud et du Nord. La région Méditerranéenne a notamment été placée au cœur du débat à travers une session spéciale dédiée aux « Villes durables en Méditerranée », organisée sous l’égide de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).
L’accroissement urbain, un frein au développement économique en Méditerranée
En présence de Guy FLEURET, Conseiller principal de l’Union pour la Méditerranée (UpM), qui représentait Monsieur Fathallah SIJILMASSI, Secrétaire général de l'UpM, Serge TELLE, Délégué interministériel à la Méditerranée (DiMed) a indiqué qu’il est nécessaire de s’occuper de l’avenir de la ville méditerranéenne : « la ville est le lieu de l’intégration économique, le lieu où se règlent les questions sociale et environnementale, où se promeuvent les idées nouvelles et l’éducation, en s’appuyant à la fois sur les traditions et la modernité. Ce n’est plus le développement qui fait la ville : c’est la ville qui fait le développement ».
Serge TELLE a avant tout replacé la ville méditerranéenne dans la diversité des contextes politiques actuels de la région, rappelant leur rôle majeur comme berceau des printemps arabes : « C’est dans les villes que les révolutions arabes ont commencé. C’est par les villes que devra naitre un nouveau modèle de développement, qui permettra - ou pas - aux instances politiques nées de ces révolutions de s’ancrer dans la durée ». L’enjeu est clair : la population urbaine du bassin méditerranéen, majoritairement jeune et confrontée à l’explosion du chômage, est en attente d’un développement économique suffisant pour offrir des emplois en nombre nécessaire. Les populations éduquées des métropoles aspirent au changement et à l’amélioration de la qualité de vie.
Le Délégué Interministériel a ensuite présenté sa vision du « concept de la ville durable en Méditerranée », à partir des des défis urbains à venir : dotée d’une forte croissance démographique, la rive Sud de la Méditerranée verra son taux d’urbanisation passer de 66% en 2008 à 75% avec près de 80 millions d’urbains en plus d’ici 2025. L’expansion et la croissance des villes est d’autant plus un enjeu réel : le foisonnement de l’habitat non règlementé, bien que difficile à apprécier, est en nette augmentation. En effet, 70% de la population urbaine albanaise vit dans des logements non réglementés , contre 40% en Syrie et 34% en Egypte. Les impacts environnementaux et culturels des phénomènes de croissance et d’étalement urbains non maîtrisés, principalement sur les littoraux sont d’une façon générale négatifs en Méditerranée.
Serge TELLE a souligné le fait que la politique urbaine méditerranéenne pouvait être un terrain d’expérimentation et avoir valeur d’exemplarité pour la fabrication de la ville durable du 21ème siècle, défi majeur pour l’humanité toute entière qui va probablement devoir loger plus de 3 milliards d’urbains en plus dans les 30 à 40 ans à venir.
Réinventer dans l’urgence la ville méditerranéenne, intégrée et durable pour tous
La ville durable méditerranéenne doit être réinventée de façon durable, intégrée et intelligente. Elle devra néanmoins s’inscrire dans le contexte de climats politiques en mutation, d’une démographie à la hausse et d’un environnement énergétique nouveau.
Selon le Délégué Interministériel, « il faut éviter d’être normatif et de transposer des solutions dont on pense qu’elles ont marché ailleurs et dont on pense qu’elles pourraient trouver des applications dans le pays considéré ». C’est ce que l’Agence des Villes et des Territoires Méditerranéens Durables (AViTeM) a choisi pour mission : revisiter les modalités de coopération avec les pays méditerranéens en respectant les spécificités des pays et leur cultures administratives et politiques.
La priorité serait donc à plus d’efficacité et moins d’idéologie dans la mise en œuvre de programmes d’actions concrets, au respect de la souveraineté des Etats, mais aussi à la coopération en matière de développement urbain, notamment dans le domaine du renforcement institutionnel et humain pour appuyer la gouvernance multi-niveau urbaine et territoriale.
La « Méditerranée de projets » à l’heure des défis urbains
Dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée (UpM), la convention de Strasbourg sur le développement urbain durable (2011), adoptée à l’unanimité, avait notamment prévu des orientations communes et la mise en application de programmes d’actions opérationnels impliquant le financement de projets urbains durables financés par des grands bailleurs de fonds.
En mars prochain, 15 projets de coopération Sud-Nord, visant à créer des prototypes de villes durables et intégrées en Méditerranée seront retenus avec le concours de l’Union Européenne et l’Agence Française de développement. Dans ce cadre, Nicole BRICQ, Ministre du Commerce extérieur a lancé officiellement de « Viva Polis », la marque France de la ville durable à l’internationale. « Vivapolis » a pour objectif d’être la vitrine de l’offre et de l’expertise française en matière de développement urbain. « Viva polis » fédère les acteurs de la ville durable, grandes entreprises et PME, afin de répondre de façon opérationnelle et optimale aux besoins des pays partenaires de la France. « Avec Viva Polis, l’offre française devrait gagner en visibilité et en lisibilité. Le « mieux vivre en ville » est un secteur prioritaire à l’export, et Viva Polis va, j’en suis sûre, nous permettre de gagner des marchés » a déclaré Nicole BRICQ.
Guy FLEURET a de son côté, présenté l’initiative des bailleurs et indiqué que plus de 40 très bons projets urbains avaient été identifiés par les bailleurs pour être susceptibles d’être retenus dans l’appel à projet qu’ils lanceront en 2014 sur une première série de 15 projets. Il s’agit bien d’expérimenter une approche intégrée et durable du développement urbain en Méditerranée, apte à répondre aux enjeux colossaux de l’accroissement des villes dans les décennies à venir.