
Stéphane LE FOLL, Ministre français de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, a co‐présidé avec son homologue algérien Abdelwahab NOURI, Ministre de l’Agriculture et du Développement rural, la 1ère Conférence des Ministres de l’Agriculture du Dialogue 5+5.
Un premier pas important vers plus de sécurité alimentaire dans la région
Il s’agit de la première Conférence ministérielle consacrée aux enjeux agricoles et de sécurité alimentaire dans le cadre du Dialogue 5+5. Lancé en 1990 par des pays du Nord (Espagne, France, Malte, Portugal, Italie) et du Sud (Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie, Maroc) de la Méditerranée occidentale, le Dialogue 5+5 constitue une plate-forme d’échanges au niveau politique pour faire avancer la coopération sectorielle dans la région.
Cette Conférence a concrétisé la demande des Chefs d’Etats du Dialogue 5+5, réunis en octobre 2012 à Malte, de travailler sur des actions concrètes pour approfondir la coopération agricole entre pays méditerranéens, dans le but d’améliorer la sécurité alimentaire de la région, mais aussi les échanges internationaux.
A l’occasion de cette Conférence, Stéphane LE FOLL a déclaré : « Les enjeux de l’agriculture et de la sécurité alimentaire sont cruciaux pour l’avenir du bassin méditerranéen. Avec cette conférence, nous avons ouvert une nouvelle page dans la coopération entre tous les pays concernés. Nous y avons tous intérêt ».
Vers de nouveaux outils d’évaluation des besoins agricoles et de coopération multilatérale
A cette occasion, les ministres ont convenu dans une Déclaration d’Alger de la création d’un Observatoire de la Consommation et de la Sécurité Alimentaire, dans le but de réduire la vulnérabilité alimentaire de façon durable à l’échelle des pays membres, en renforçant les capacités de prévention, de prévision, et de gestion des crises conjoncturelles. Des travaux préalables à la constitution de cet observatoire seront menés par un groupe de travail constitué d’experts issus de chaque pays animé par la France et l’Algérie et appuyé par le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM), qui bénéfice d’un statut d’observateur permanent au Dialogue 5+5.
La Déclaration d’Alger identifie également une série de thèmes porteurs de coopération : amélioration de la production et de la productivité agricoles, partage des expériences à travers des programmes de recherche et d’innovation multilatéraux, développement des échanges, protection des ressources naturelles, lutte contre les gaspillages alimentaires, promotion d’une croissance plus inclusive des régions rurales.
Les pays présents ont, par ailleurs, partagé l’objectif à venir de la construction d’un système technique d’échanges statistiques sur l’ensemble des productions agricoles et des niveaux de stockage à l’échelle de la région, présenté comme une déclinaison méditerranéenne de l’AMIS (Agricultural Market Information System) dont la mise en place a été retenue au niveau du G20.
Les ministres ont également appelé de leurs vœux la poursuite du programme ENPARD (Programme Européen de Voisinage pour l'agriculture et le développement rural) que la Commission européenne a proposée aux pays du Sud de la Méditerranée à partir de 2012 dans le cadre de la politique européenne du voisinage renouvelée. Cette nouvelle initiative offre notamment un accompagnement pour le développement rural des pays méditerranéens.
L’agriculture en Méditerranée : un enjeu social, économique et environnemental
Au-delà du dialogue politique sur la coopération dans le cadre du Dialogue 5+5, une réflexion approfondie sur l’agriculture a été menée : le secteur agricole a été considéré dans sa globalité, comme facteur d’inclusion socio-économique et comme enjeu environnemental.
La Déclaration d’Alger s’inscrit dans une dynamique internationale. En effet, elle rappelle d’abord les engagements pris par les Etats lors de la Conférence des Nations-Unies au Brésil en juin 2012 « Rio + 20 » en matière de développement durable, lors de la 3ème semaine forestière méditerranéenne (17-21 mars 2013). Elle annonce également des rendez –vous d’importance : l’année 2014 déclarée par les Nations-Unies « Année internationale de l’agriculture familiale » et l’exposition universelle de 2015 à Milan, dont le thème sera la sécurité alimentaire.
L’agriculture est un secteur primordial d’intégration et de développement socio-économique dans les pays de la Méditerranée occidentale et notamment ceux du Sud : la population agricole est respectivement de 20.9% en Algérie, 25.9% au Maroc, 20.6% en Tunisie en 2010. La Libye compte environ 175 000 agriculteurs selon une étude du CIHEAM (2012). Ainsi, le soutien à l’agriculture familiale comme source d’emploi dans la région est une des recommandations de la Déclaration d’Alger. Celle-ci reconnait également l’indissociabilité des questions de sécurité alimentaire et de pauvreté.
Au niveau environnemental, les ministres se sont engagés à agir pour la protection des espaces boisés, des écosystèmes et pour la meilleure gestion des ressources d’eau, en soulignant l’importance de la préservation des territoires dans le développement rural. Un environnement naturel protégé est effectivement crucial pour assurer les quatre piliers de la sécurité alimentaire définis dans la déclaration : accès, disponibilité, qualité et stabilité.
Les pays ont aussi insisté sur l’« interdépendance » des pays de la Méditerranée occidentale en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire, « compte tenu de l’importance des flux de produits agricoles entre les deux rives de la Méditerranée ». La relation étroite à construire entre pays méditerranéens pourra être facilitée par l’Accord de Bali du 7 décembre 2013 conclu par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Cet accord, qui concerne les volets agricole, d’aide au développement et la facilitation des échanges, constitue un « pas important » vers la libéralisation du commerce au niveau mondial.