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Synthèse des contributions pour la Conférence ministérielle Femmes de l’UpM

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Crédit : AFP
13/09/2013
Synthèse des contributions des sociétés civiles euro-méditerranéennes à la Conférence ministérielle Union pour la Méditerranée sur le Renforcement du rôle des femmes dans la société

La 3ème Conférence ministérielle sur le Renforcement du rôle des femmes dans la société s’est tenue le 12 septembre 2013 à Paris. Elle a rassemblé les ministres en charge des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes des pays membres de l’Union pour la Méditerranée (UpM).
 
Dans ce cadre et en tant que pays hôte, la France a été heureuse d’offrir la parole aux sociétés civiles. La Délégation interministérielle à la Méditerranée (DiMed) est un service du Premier ministre chargé par le Président de la République de développer une « Méditerranée de projets », et notamment les les liens entre les institutions et les sociétés civiles. Elle a ouvert sur son site Internet un espace d’expression entièrement dédiée au recueil de contributions en vue de la Conférence ministérielle.
 
Les organisations des sociétés civiles travaillant sur l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes dans la région euro-méditerranéenne ont été invitées à contribuer en formulant des observations et des propositions concernant les trois priorités retenues pour la Conférence ministérielle :

  1. L’égalité des droits entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la vie (politique, économique, civile et sociale) ;
  2. La lutte contre toutes les formes de violences et de discriminations à l’encontre des femmes et des filles ;
  3. L’évolution des mentalités et des comportements afin de promouvoir l’égalité femmes-hommes non seulement en droits mais aussi dans la réalité.

Plus d’une trentaine de contributions ont été postées notamment par les têtes de réseau féministes, au nom de plus de 3500 associations féministes à travers toute la région euro-méditerranéenne. Elles ont présenté plus de deux cents recommandations.
La DiMed tient à les remercier et à présenter ici la synthèse de ces contributions.

 

Synthèse des contributions des sociétés civiles euro-méditerranéennes en vue de la Conférence ministérielle Union pour la Méditerranée sur le Renforcement du rôle des femmes dans la société

 
12 septembre 2013, Paris
 
Dans le cadre de la 3ème Conférence ministérielle Union pour la Méditerranée sur le Renforcement du rôle des femmes dans la société, la ministre française des Droits des femmes, Najat VALLAUD-BELKACEM, a souhaité ouvrir le dialogue entre les institutions et les sociétés civiles. Elle est allée à la rencontre des associations féministes euro-méditerranéennes à Amman en juin et à Bruxelles en septembre. Elle a surtout ouvert un appel à contributions sur le site de la Délégation interministérielle à la Méditerranée (DiMed), instrument de la « Méditerranée de projets » appelée de ses vœux par le Président de la République française.
 
Les sociétés civiles féministes se sont très largement saisies de l’opportunité qui leur était offerte : plus d’une trentaine de contributions ont été postées notamment par les têtes de réseau féministes, au nom de plus de 3500 associations féministes à travers toute la région euro-méditerranéenne. Elles ont présenté plus de deux cents recommandations.
 
De manière inédite, Mme la ministre s’est engagée à se faire la porte-parole de la synthèse de ces contributions lors de la Ministérielle.
 

Synthèse des commentaires

 
Les associations féministes dédiées à l’égalité femmes-hommes soutiennent la tenue de la Conférence ministérielle de Paris, organisée à l’initiative de la France. Convaincues que l’Union pour la Méditerranée doit être une union des peuples qui ne pourra exister sans la prise en compte des sociétés civiles, elles saluent la démarche participative offerte par la ministre française des Droits des femmes.
 
Les femmes se mobilisent quotidiennement au Nord et au Sud de la Méditerranée pour la défense de leurs droits. De grands progrès ont été obtenus dans les domaines de l’éducation, de la santé, des droits, de l’autonomisation économique, de la participation à la vie publique et politique. Cependant, force est de constater que l’égalité des droits n’est pas encore établie dans tous les pays euro-méditerranéens, et l’égalité réelle très loin d’être accomplie. Les associations notent que certains acquis sont menacés : l’identité religieuse est parfois un alibi du patriarcat, le féminisme au Sud est accusé d’occidentalisme, les violations des droits des femmes restent souvent impunies.
 
Les associations féministes rejettent à l’unanimité tout relativisme culturel quant aux droits des femmes. Elles réaffirment avec force que la démocratie n’existe pas sans droit des femmes et que les droits des femmes n’existent pas sans démocratie.
 
Il ressort également de la lecture de toutes les contributions que le terme « les femmes » recouvre des réalités très différentes, et qu’il faut également prendre en compte les besoins spécifiques de groupes de femmes : femmes handicapées, femmes migrantes, femmes victimes de violences, femmes au foyer, femmes rurales….
 

Synthèse des recommandations

 
Les associations féministes revendiquent l’égalité absolue des droits civils, civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels. Elles recommandent de :

  • Adopter des Constitutions égalitaires, démocratiques et laïques dans tous les pays euro-méditerranéens
  • Lever toutes les réserves à la CEDEF (CEDAW).
  • Intégrer le droit à être en sécurité et protégée
  • Affirmer le droit à disposer de son corps
  • Créer un droit pour les femmes du Sud de la Méditerranée à pouvoir, comme les femmes du Nord, déposer une plainte contre leur gouvernement en cas de non-respect des conventions internationales

Rappelant que la reconnaissance des droits doit s’accompagner de leur application effective, les recommandations abordent la question de leur concrétisation et de l’égalité réelle :

  • Garantir l’accès à la justice à toutes les femmes afin de mettre fin à l’impunité face aux violations des droits humains des femmes par des institutions ou des personnes, dans l’espace public et privé : Etablir des mécanismes de plainte adaptés ; Garantir un accès gratuit à l’information ; Former spécifiquement les acteurs de l’institution judiciaire, de la police et de la médecine légale, en charge de dossiers relatifs aux violences faites aux femmes.
  • Favoriser une orientation non sexiste dans l’éducation et la formation.
  • Eduquer à l’égalité femmes-hommes tout au long de la vie et lutter contre les stéréotypes liés au sexe dans les manuels scolaires, les livres de jeunesse, les média, les entreprises : Etablir un classement des entreprises euro-méditerranéennes respectant l’égalité femmes-hommes ; Donner de la visibilité aux initiatives telles que la charte des « Principes d’autonomisation des femmes » pour les entreprises d’Euro-Méditerranée ou encore le Label GEES, afin de contribuer à l’appropriation d’une vision commune de l’égalité femmes-hommes dans le monde du travail et encourager le respect des standards internationaux sur ce sujet.
  • Lutter contre toutes les formes de violences à l’encontre des femmes et des filles : Soutenir la création d’un programme de réhabilitation pour les victimes de violences sexuelles.
  • Instaurer des quotas dans les cercles de décision, en nombre et en qualité suffisants, mesurer les résultats, supprimer les quotas lorsque les résultats sont réels et pérennes

Les associations féministes réclament une participation égale des femmes et des hommes à toutes les sphères de la vie, elles préconisent de :

  • Rendre l’éducation et la formation accessible à toutes les filles et les femmes : Garantir la sécurité aux filles et aux femmes dans leurs déplacements vers les établissements d’enseignement.
  • Renforcer l’insertion économique des femmes : Favoriser la création d’activités génératrices de revenus (tourisme durable, artisanat).
  • Garantir l’accès pour les femmes aux responsabilités professionnelles, associatives, civiques

Elles abordent la question de la coopération euro-méditerranéenne :

  • Appliquer le principe de conditionnalité des aides dans toutes les relations avec les pays en transition démocratique, verser les aides à la condition qu’il y ait engagement et action pour promouvoir l’égalité de droit et de fait
  • Eriger les droits des femmes en enjeu diplomatique à part entière

 Outils opérationnels
Les associations ont particulièrement insisté dans leurs recommandations sur la nécessité de créer des outils spécifiques pour appuyer l’action des acteurs de l’égalité. Elles demandent aux Etats de soutenir la création et le développement de :

  • Un mécanisme d’évaluation et de suivi au niveau régional s’assurant du respect des engagements pris par les Etats pour l’égalité femmes-hommes de jure et de facto
  • Un observatoire de l’égalité femmes-hommes indépendant permettant la collecte de données sexo-spécifiques dans tous les domaines et le suivi de l’application des lois
  • Des réseaux pour renforcer les capacités des associations féministes de plaidoyer et de développement, pour structurer de manière pérenne le tissu associatif féministe et pour stimuler la recherche de synergies
  • Des projets de terrain, de formation favorisant l’autonomie des femmes
  • D’outils de communication ayant vocation à renforcer la visibilité problématiques femmes-hommes
  • Une plateforme Internet regroupant les acteurs et actrices de l’égalité, les savoirs et les actions en direction des femmes afin de développer l’échange d’informations et de bonnes pratiques
  • Une Université politique féministe transméditerranéenne où les femmes se forment à la responsabilité politique, apprennent à se positionner comme futurs leaders politiques et renforcent leurs capacités de prise de décision.

 
Les associations insistent sur le fait que les financements fléchés genre doivent être consacrés aux acteurs dédiés à la lutte pour l’égalité femmes-hommes. En effet, des études montrent que ce sont les pays où les femmes sont le mieux organisées, dans des organisations autonomes, fortes et diverses, que les lois concernant les droits des femmes sont les plus nombreuses, les mieux appliquées et leurs mécanismes de mise en œuvre les plus efficients.
 
La quasi-totalité des associations féministes représentées par ces contributions soutiennent, et pour beaucoup d’entre elles participent déjà à la création de la « Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée » qui a vocation à développer ces outils.
 
Liste des associations qui ont contribué :
 
ARVHA (Association pour la Recherche sur la Ville et l'Habitat), Corrente rosa, Mujeres para el dialogo y la educacion, fit, Plate-forme migrants et citoyenneté européenne – PMC, Féminisme et géopolitique, Association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir, L'action progressiste, Forum Femmes Méditerranée, La clairière (accueil et hébergement de femmes et familles victimes de violence), IDM (Instituts des Mamans), Femmes & Sciences, Forum Femmes Méditerranée - Le réseau des Femmes Migrantes, CLEF - Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes, Initiative de Femmes  pour  la  Citoyenneté et  les Droits Universels, Union Nationale des femmes Actives et Foyer  (FAEF), Réussir l'égalité Femmes-Hommes, Fonds pour les Femmes en Méditerranée, Fédération française de l’ONG BPW (Business & Professional Women), BPW France, Conseil National des Femmes Françaises  - CNFF, Association Internationale pour la Sauvegarde de Tyr (AIST), European Women's Lobby / Lobby européen des femmes, Le Planning Familial (MFPF), CARE International, Arborus pour l’Egalité Professionnelle en Europe, Anna Lindh Euro-Mediterranean Foundation for the Dialogue between Cultures, AMUSNAW, Genre en Action, Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes, Jurimed - Droit & Méditerranée, Observatoire de violences faites OVIF  et Djazairouna, CAWTAR, Centre National d’Information sur les droits des femmes et des familles – CNIDFF.
 
Retrouvez l'article sur la Conférence ministérielle sur le renforcement du rôle des femmes dans la société ici.

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Date de mise à jour : 14/03/2014